Le sujet du jour est grave, je vais essayer de l'adoucir avec la photo ci-contre prise à la plage de Candolim pendant ma semaine à Goa. Voilà plusieurs semaines que j'évoque ici les troubles relatifs à la scission d'une partie de l'Andhra Pradesh pour constituer un nouvel état Indien, le Telangana. Malgré une promesse faite le 9 décembre par le gouvernement fédéral, qu'ici on appelle le "Centre", les choses sont aujourd'hui au point mort. Toutes les parties en présence se sont retrouvées lundi à Delhi mais rien n'a abouti. Delhi appelle les différents protagonistes à la raison mais continue de temporiser, le principal parti pro-Telangana, le TRS, attend que Delhi se prononce et donne enfin une feuille de route pour prendre position, et les tenants d'un Andhra Pradesh unifié comme aujourd'hui, persistent à refuser l'inéluctable. Chacun campe donc sur ses positions et la vie à Hyderabad est redevenue normale. Aujourd'hui dans le Times of India pas une ligne sur le Telangana. Ce conflit qui dure maintenant depuis plus d'un mois, du moins pour les derniers événements car en vérité, c'est un vieux débat de plus de 40 ans, n'a pas fait de victimes. Enfin presque. Car en Inde, quand on n'est pas d'accord, on se suicide. En septembre dernier, avant notre arrivée, la mort accidentelle du Premier Ministre de l'Andhra Pradesh avait été suivie d'une "épidémie" de suicides. Evidemment, pour nous, c'est incompréhensible. Pendant la grève de la faim du leader du TRS, j'en avais dénombré 22 du côté de ses partisans. Quand Sonia Gandhi a promis qu'il y aurait un Telengana autonome, 5 jeunes gens de l'autre bord se sont donné la mort. Hier, alors que le processus d'indépendance était à nouveau dans l'impasse, trois nouveaux suicides se sont produits. Ses copains du cours de multimedia qu'il suivait, ont retrouvé Bhuma R., 24 ans, pendu au ventilateur de sa chambre. Dans la poche de son jean, les policiers ont trouvé un mot : "Je meurs pour le Telangana. Mon âme ne sera en paix que quand un état Telanganais sera formé. [...] Soniamma (qu'on peut traduire par Maman Sonia), si tu ne nous donnes pas un Telangana maintenant, nombreux sont ceux qui mourront comme moi". Je sais que les Hindous n'ont pas la même conception de la vie et la mort que nous, j'ai lu des choses à propos du karma et de la réincarnation, mais je ne peux m'empêcher de penser à ces mères, ces pères, ces fiancées qui pleurent l'être cher. Et parfois, face à toutes ces morts aussi violentes qu'absurdes, je me surprends à fredonner la chanson de Brassens ...
vendredi 8 janvier 2010
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7 commentaires:
Mourir pour ses idées ...
C'est bien cher payer ...
Bisous du coeur chère Ppn.
Marie-Ange
Je suis tout autant désorienté en prenant connaissance de ces faits. Désorienté, oui le terme est choisi pour un occidental.
Tu fais bien de nous conter tout cela, la presse n'en parle pas beaucoup, les soldes et la neige sont tellement plus vendeurs!
Mourir pour des idées est très différent de se suicider pour ses idées ! Pour moi c'est lutter en prenant le risque, en connaissance de cause... pas faire pression en se donnant la mort.
- A Marie-Ange, tu as bien raison.
- A Philos, bien trouvée ta formule. C'est vrai qu'on se sent souvent désorienté dans cette Incredible India !
- A Mab, je suis sûre qu'il y a plein de sujets comme celui-ci dans le monde qui n'intéressent pas "nos" journalistes.
- A Ddc, tu as raison dans ta définition mais je t'assure qu'ils font ça uniquement pour attirer l'attention sur leur cause. En somme, eux aussi choisissent de mourir pour leurs idées.
Surtout ne pas donner d'idées au peuple ! Donc les journaux effleurent les sujets fâcheux. Mais nous sommes loin de pouvoir comprendre ces suicides... En effet, mourir pour des idées en combattant pour elles , mais le suicide me semble une fuite !
Pour terminer sur une note plus gaie : ta galerie de portraits d'enfants est magnifique !
Bisous.
Difficile pour des occidentaux de comprendre ces suicides , c'est vrai , les mères , elles aussi ne doivent pas comprendre .
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