lundi 21 juin 2010

Si ça fait pas d'bien, ça fait pas d'mal

En cette période où examens et concours sont le lot de nos jeunes, j'expliquais à mon chauffeur combien j'avais envie qu'ils réussissent. "No problem Sir, we got to go for pooja !"  me rétorqua alors Ravinder avec assurance. Ce que l'on peut traduire par "Ben, y'a qu'à aller faire des prières". Et nous voila partis tous les deux pour faire nos pooja au temple. D'abord, il faut choisir celui qui convient le mieux à la requête que vous voulez adresser au dieu, en  l'occurrence, le "Chilukuru Balaji Devastanu" qui assure "100 % guarantee, no failure and mandatory success" (on croirait une pub pour une école américaine). En route, Ravinder me demande si j'ai déjeuné, s'empressant d'ajouter, c'était veg au moins ? Là, je dois dire que je triche un peu, euh oui, Madam a juste fait une salade,  j'oublie de parler des fromages. Ça me rappelle les interdits de mon enfance chrétienne, ce que l'on pouvait ou ne pas manger avec de communier. Arrivés au temple, il faut se laver les pieds et  les mains, ensuite acheter ses offrandes, colliers de fleurs et noix de coco. Nous entrons dans le temple et restons d'abord en prière devant la statue de Vishnu que nous apercevons au loin. Petites pensées pour nos étudiants donc, pour les femmes de ma vie (Ppn, ma maman et Zuzu) et puis tant qu'on y est, pour la paix dans le monde. Et nous voila partis à marcher autour de la partie centrale du temple. Nous devons faire 11 tours quand le pèlerin normal en fait 109. Pourquoi ces nombres ?  J'imagine qu'il y a une signification mais Ravinder ne la connaît pas et je sens que je l'énerve un peu avec mes questions, donc tournons…. Comme 109, c'est plutôt difficile à compter dans sa tête, chaque pénitent a un petit carton avec autant de cases qu'il coche à chaque tour. Générations et classes sociales se mélangeant sans problèmes, on se bouscule, se pousse, se double, se marche sur les pieds, chacun tout à sa prière sans se préoccuper des autres, mais dans le calme et la ferveur. Très indien, quoi. De temps en temps un "Godiva" retentit, repris en chœur par tous les marcheurs. Après mes 11 tours, je reçois un point rouge sur le front - le tilak - et je vais casser ma noix de coco, ce que je fais en éclaboussant abondamment ma voisine. Puis, on pénètre dans le temple lui-même, prenant sa place dans une queue bien canalisée par des barrières, et on accède enfin à la statue de Vishnu recouverte de colliers de fleurs que l'on distingue à peine dans la pénombre. Deux prêtres sont là, l'un recueille les colliers de fleurs que vous apportez en offrande, l'autre vous verse dans la main  une cuillère d'eau (sainte ? bénite ?) que vous devez boire pour vous purifier de l'intérieur. A la sortie, on nous remet (en remerciement ?) quelques petits morceaux de sucre. Bien que je sois  allé au caté comme tous gamins des années 60, je n'ai jamais eu de croyance très profonde et comme tout ado des années 70, j'ai assez vite "décrété" que la religion était l'opium du peuple. Cependant j'ai toujours été intrigué – voire fasciné – par l'expression et l'intensité du visage de certains lorsqu'ils prient leur dieu, et cela quelque soit le dieu. Cette ferveur et cette piété sont très présentes dans ces temples où les rites qui nous sont assez incompréhensibles sont aussi ancestraux que ceux du monde chrétien et tout aussi respectables. Une chose cependant me frappe, c'est l'ouverture et la simplicité de la religion hindouiste. Il ne semble pas qu'une longue initiation soit nécessaire pour y participer et à aucun moment je ne me suis senti regardé de travers, j'étais là pour y faire mes pooja, comme les autres. Et cela me plaît bien …
Texte d'Éric AKA BrB, rewrité par Madam, euh ... Ppn

12 commentaires:

Veronique Narayana Swamy a dit…

Attention, attention.....

On nait hindou, on n'est ou on n'est pas...telle est la question....on ne peut pretendre a le devenir....et ils ne disent rien, car vous adressez la parole a ce moment precis, c'est se souiller.....

Comme on dit chez nous, on ne melange pas les torchons et les serviettes....


Namaste...on brule ici

Lilie a dit…

J'allais faire à peu près le même commentaire que Véronique : on naît Hindou, on ne peut pas le devenir.
Cependant c'est une expérience intéressante que tu as faite car la religion a une place très importante en Inde et je crois qu'on ne peut pas comprendre ce pays sans en "étudier" le fonctionnement religieux.
Maintenant, on attend les résultats des exams :-)
Bises à vous deux

heure-bleue a dit…

Si c'est pour une oeuvre...

Hermione a dit…

Ça me rappelle que j'ai allumé un cierge à l'église Saint-Sulpice quand ma fille a passé son concours, moi qui bouffe du curé sans vergogne... Et elle a intégré...! Je me demande si c'est bien moral, tout ça...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Zut complètement oublié de le faire ! G. passe son Bac et je n'ai prié qui que ce soit :o(

bricol-girl a dit…

Tous les moyens sont bons pour forcer le destin.

Simplement ... a dit…

J'ai eu, un court instant, l'impression d'y être ...
Bisous chère Ppn.
Marie-Ange

Lilie a dit…

Quand j'ai eu des problèmes de visa et que je suis restée bloquée au Sri Lanka, ma petite maman a brûlé une veilleuse pour... l'inventeur d'internet ! (Qui nous permettait de rester en contact malgré tout et de nous remonter le moral mutuellement)
A toutes les mamans qui passent par ce blog : ne changez pas, c'est comme ça qu'on vous aime :)

marie-madeleine a dit…

Tant de retard dans mes voyages à travers la blogosphère.... mais je reviens profiter de tes partages.

marie-madeleine a dit…

ET oui je suis aussi Tornade!

Astia a dit…

Bonjour,
C'est pour rebondir aux commentaires de Véronique et de Lilie, point de vue que je respecte, mais qui va à l'encontre de ce que j'ai appris moi même.
Pour moi, naître hindou ne signifie rien : le dicton MATA PITA GURU DEYVAM résume en lui seul la philosophie hindoue. Si je prends l'idée de naissance, on est d'abord l'enfant de sa mère MATA, du père PITA, de l'enseignant GURU et ensuite seulement enfant de dieu DEYVAM. A mon avis, l'hindouisme est plus une philosophie qu'une religion et c'est pourquoi l'auteur s'y sent à l'aise.
Après, il y a le cultuel qui n'est nullement obligatoire mais qui reste un pallier nécessaire pour certains pour pouvoir accéder plus rituellement à la spiritualité.. je vais m'arrêter là,je peux en discourir pendant longtemps. Alors pour moi, on ne naît pas hindou.On le devient.

BrB a dit…

Je ne prétends ni devenir Hindou ni, en seul petit post résumer la complexité de ce pays. Il s'agit juste d'une expérience qui pour ma part m'a aidé à en comprendre un tout petit bout, de curiosité amusée et paradoxale pour moi qui suis plutôt bouffe curé et enfin de faire quelque chose de sympa pour ceux qui sont loin et que j'aime…

Mais il m'avait semblé sentir dans cette religion plus d'ouverture et de tolérance que Véronique ne le laisse penser. Merci donc à Astia de son éclairage de l'intérieur.

Et Lilie a raison : changez pas les mamans - surtout la mienne (en voie de béatification ;-)