vendredi 25 juin 2010

Mourir d'aimer

On estime à 5000 par an le nombre des crimes d'honneur perpétrés en Inde. Une situation suffisamment grave pour que la Cour Suprême indienne soit intervenue en début de semaine pour exiger des réponses du gouvernement central et de huit états particulièrement concernés. Selon la définition de l'ONG  Human Rights Watch, les crimes d'honneur sont "des actes de violence, le plus souvent des meurtres, commis par les membres masculins d'une famille à l'encontre de ses membres féminins, lorsqu'ils sont perçus comme cause de déshonneur pour la famille tout entière". Récemment, une série de faits divers sordides ont ému l'opinion publique en Inde, occasionnant manifestations et débats télévisés ou initiés par les grands journaux du pays. Ce qui a le plus choqué a été de  constater que ces pratiques d'un autre âge ne concernaient  plus seulement des états ruraux dont certains villages sont dominés par les khaps panchayats, sortes de conseils de castes qui dictent leurs lois, mais pouvaient toucher la capitale moderne de l'Inde. Deux affaires macabres de couples assassinés par leur famille ou leur belle-famille ont eu récemment pour théâtre New Delhi. Trois suspects ont été arrêtés aujourd'hui même, soupçonnés d'un triple homicide, celui de la sœur et du beau-frère de l'un, pourtant mariés depuis 2007, et de la sœur d'un autre. Il semblerait que les deux familles étaient liées et que la volonté d'une des jeunes femmes d'épouser un non-hindou ait ravivé les tensions qu'avaient provoqué il y a trois ans le mariage "hors caste" de sa cousine. Pour leur malheur à tous les trois, ils se sont trouvés au cœur d'une vendetta familiale et assassinés de sang froid d'une balle dans la tête.  Ces meurtres intervenaient quelques jours seulement après celui d'un jeune couple dont la famille ne tolérait pas qu'il se fréquente et quelques semaines après celui d'une jeune journaliste. Nirupama, 23 ans, a été tuée par sa propre mère qui a ensuite maquillé son meurtre en suicide, parce qu'elle fréquentait un collègue d'une caste différente. Qu'une mère puisse tuer son enfant "pour l'honneur" cela dépasse pour moi l'entendement ! Il est néanmoins intéressant de noter qu'à la question du Times of India, "Est-ce un honneur de tuer pour l'honneur ?", 87 % des lecteurs ont répondu non. 13%, oui.      

10 commentaires:

bricol-girl a dit…

Par sa propre mère!!!!!

Simplement ... a dit…

13 % c'est encore une honte ...
Je suis horrifiée devant de telles pratiques.
Bisous ma chère Ppn.
Marie-Ange

bricol-girl a dit…

Par sa propre mère!!!!

Moukmouk a dit…

Épouvantable. Mais c'est encore pire quand de pareilles folies sont fait au Canada ou en France. Décidément je hais toutes les religions

marie-madeleine a dit…

C'est terrible d'imaginer ça! Comment peut-on tuer sa fille?

Astia a dit…

je suis contente qu'on s'insurge contre cet acte barbare!!! La société indienne se réveille : c'est vrai que le maître mot de l'éducation en Inde est l'honneur de la famille et on l'entend dès le berceau.. surtout les filles! Espérons que les 13% ne passeront pas à l'acte!

Eperra a dit…

- A Mab, Marie-Ange et Marie-Madeleine. J'ai écrit ce billet avant de partir 3 jours en excursion à Ooty (j'y reviendrai) et au retour, j'ai rajouté une phrase qui fait écho à votre indignation. Je vais vous faire encore plus réagir quand je vous dirai que ce week-end encore deux jeunes sœurs ont été tuées pour des raisons similaires et que le crime commis par leur oncle a été commandité ... par leur propre grand-mère.
- Moukmouk, en Inde ce n'est pas qu'une question de religion, c'est le plus souvent, une question de castes. Et ça touche tous les milieux sociaux. Dans le cas de la jeune journaliste, elle était brahmane et son ami de la caste juste "au-dessous".
- A Astia, 13 % c'est énorme et en même temps dans une société aussi figée, c'est déjà un début.

Lilie a dit…

Je conseille à tous et toutes la lecture de "Brûlée vive" par Souad (c'est un pseudo car même aujourd'hui, des années après, si sa famille la retrouvait, ils tenteraient une nouvelle fois de la tuer). Cela ne se passe pas en Inde mais c'est un livre bouleversant sur le même thème...
Et ça fait froid dans le dos :(

lakevio a dit…

Tu me fais froid dans le dos !
C'est toujours le même problème, semble-t-il, l'idée que certains valent tellement plus que leurs voisins !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Moukmouk tout comme toi je hais les religions et de plus en plus, mais c'est vrai qu'en Inde c'est bien plus que cela. C'est dramatique de penser qu'une mère soit capable d'un tel crime.