Quand on me demande ce que l'on ressent quand on rentre en France après une aussi longue absence, je réponds rien, on est chez soi après tout, c'est un peu comme de retrouver ses pantoufles. Enfin presque. Voici une semaine que le bus Air France nous a déposés Éric et moi Gare Montparnasse. Nous nous sommes précipités dans un bistro, j'avais une envie folle de petit noir et de croissants. Plus tard, dans une brasserie typiquement parisienne, j'ai commandé une entrecôte bleue avec des frites et un ballon de Brouilly. Je suppose que c'est à cela que l'on se sent français. Ma tête était toujours en Inde, sur mon balcon à observer mes voisines étendre leurs saris à même le sol ou brosser leurs longs cheveux noirs avant de les natter, mais mon corps était en France et avait faim de ce dont il avait été privé. Nous sommes rentrés pour renouveler nos visas et notre retour dépend du bon vouloir de l'administration indienne. Sur le site de l'ambassade, pour l'instant, une ligne en anglais dit que notre demande est en cours d'évaluation. Alors, en attendant le précieux sésame, Éric est reparti bosser et moi je suis retournée "chez ma mère". Enfin, avant de quitter Paris, j'avais rendez-vous avec une amie au Café Madeleine et auparavant, j'ai eu le temps de faire un tour à la Pinacothèque pour savourer l'expo sur les peintres flamands du XVIIè, une époque que j'affectionne particulièrement. Observer les bulles de rosée et les petits insectes courant sur les feuilles d'un camélia d'une petite toile de De Heem, qu'on peut regarder pour une fois à 50 cm de son nez, quel régal ! Ensuite, cap sur le Sud, où le choc thermique est encore important si l'on considère les 28° que nous avions en Inde mais au moins le soleil est au rendez-vous. Avec Maman, nous sommes allées au cinéma, la première fois pour voir une bluette sans intérêt où tout est archi téléphoné avec un Hugh Grant plus grimaçant que jamais, et la deuxième, pour le dernier film des frères Coen. Pas mal mais un peu déconcertant pour la goy que je suis. J'ai dîné avec ma jolie et surbookée sœur qui m'envie ma liberté et moi sa réussite professionnelle. Ah, j'oubliais, face aux nombreuses heures d'avion et de train en perspective, je me suis enfin décidée à lire le premier tome de Millenium qui, sans m'emballer, a le mérite de me tenir en haleine. Maman et moi avons abandonné mon père devant ses matchs à la télé du salon pour regarder des policiers sur celle de sa chambre. Je n'ai pas eu la motivation nécessaire pour regarder le show présidentiel (en Inde, je n'ai vu qu'une fois sa photo dans la presse en deux mois et j'avoue que ça nous fait des vacances) et tout ce que j'ai retenu de ma lecture du Midi Libre le lendemain c'est qu'on va devoir attendre encore un peu avant de prendre sa retraite. Allez mes chers compatriotes, courage et bonne journée !jeudi 28 janvier 2010
Suite française
Quand on me demande ce que l'on ressent quand on rentre en France après une aussi longue absence, je réponds rien, on est chez soi après tout, c'est un peu comme de retrouver ses pantoufles. Enfin presque. Voici une semaine que le bus Air France nous a déposés Éric et moi Gare Montparnasse. Nous nous sommes précipités dans un bistro, j'avais une envie folle de petit noir et de croissants. Plus tard, dans une brasserie typiquement parisienne, j'ai commandé une entrecôte bleue avec des frites et un ballon de Brouilly. Je suppose que c'est à cela que l'on se sent français. Ma tête était toujours en Inde, sur mon balcon à observer mes voisines étendre leurs saris à même le sol ou brosser leurs longs cheveux noirs avant de les natter, mais mon corps était en France et avait faim de ce dont il avait été privé. Nous sommes rentrés pour renouveler nos visas et notre retour dépend du bon vouloir de l'administration indienne. Sur le site de l'ambassade, pour l'instant, une ligne en anglais dit que notre demande est en cours d'évaluation. Alors, en attendant le précieux sésame, Éric est reparti bosser et moi je suis retournée "chez ma mère". Enfin, avant de quitter Paris, j'avais rendez-vous avec une amie au Café Madeleine et auparavant, j'ai eu le temps de faire un tour à la Pinacothèque pour savourer l'expo sur les peintres flamands du XVIIè, une époque que j'affectionne particulièrement. Observer les bulles de rosée et les petits insectes courant sur les feuilles d'un camélia d'une petite toile de De Heem, qu'on peut regarder pour une fois à 50 cm de son nez, quel régal ! Ensuite, cap sur le Sud, où le choc thermique est encore important si l'on considère les 28° que nous avions en Inde mais au moins le soleil est au rendez-vous. Avec Maman, nous sommes allées au cinéma, la première fois pour voir une bluette sans intérêt où tout est archi téléphoné avec un Hugh Grant plus grimaçant que jamais, et la deuxième, pour le dernier film des frères Coen. Pas mal mais un peu déconcertant pour la goy que je suis. J'ai dîné avec ma jolie et surbookée sœur qui m'envie ma liberté et moi sa réussite professionnelle. Ah, j'oubliais, face aux nombreuses heures d'avion et de train en perspective, je me suis enfin décidée à lire le premier tome de Millenium qui, sans m'emballer, a le mérite de me tenir en haleine. Maman et moi avons abandonné mon père devant ses matchs à la télé du salon pour regarder des policiers sur celle de sa chambre. Je n'ai pas eu la motivation nécessaire pour regarder le show présidentiel (en Inde, je n'ai vu qu'une fois sa photo dans la presse en deux mois et j'avoue que ça nous fait des vacances) et tout ce que j'ai retenu de ma lecture du Midi Libre le lendemain c'est qu'on va devoir attendre encore un peu avant de prendre sa retraite. Allez mes chers compatriotes, courage et bonne journée !mardi 19 janvier 2010
La meilleure façon de Hasher
jeudi 14 janvier 2010
Jour de fête
lundi 11 janvier 2010
Diva
L'auditorium du Marriott était plein à craquer lorsqu'elle a fait son entrée. Je n'ai pas une âme de groupie, loin s'en faut, mais je suis immédiatement tombée sous le charme. Une voix puissante - et elle a de qui tenir, sa mère est un grand nom du jazz -, une présence, de l'humour et une élégance... J'ai adoré la petite robe noire chiquissime, le chignon très années 50 et même les boots dorés à talons aiguilles. Elle était servie par un trio de musiciens très pros, autant que je puisse en juger, un pianiste, un contrebassiste et un batteur. Pendant près de deux heures, la salle entière était électrisée et c'est avec bonheur que nous avons fini debout pour entonner "Happy Birthday to You" à la dame qui fêtait son anniversaire ce soir-là, au tout début de sa tournée en Inde. Le lendemain, nous étions, Eric, notre chauffeur et moi à l'hôtel pour faire découvrir à l'artiste et ses musiciens la ville. Elle est arrivée à la dernière minute, est montée dans la voiture sans dire bonjour ni chercher à savoir qui nous étions, et a ordonné à notre chauffeur de couper la clim qu'elle ne supportait pas. Nous étions cinq dans la voiture, personne n'a pipé mot, le ton était donné. Plus tard, elle a continué à imposer son tempo, nous obligeant à sauter le déjeuner car elle n'avait pas faim, puis se perdant avec son ingénieur du son dans le bazar, nous contraignant à l'attendre une demie-heure dans la chaleur, le bruit, et l'estomac vide. Pour finir, nous l'avons abandonnée dans la vieille ville et continué le programme de la visite avec ses musiciens, l'un d'eux lui indiquant de temps en temps le but de notre prochaine étape. J'avoue qu'elle ne m'a pas manquée et que nous avons passé une excellente après-midi avec des gens simples, intéressants et curieux de cette ville qu'ils découvraient. L'Alliance Française nous avait aussi adjoint deux jeunes étudiants Indiens et le petit groupe que nous formions, après un démarrage laborieux, s'est finalement très bien passé de la diva et de ses caprices. Nous avons ramené les musiciens au Marriott, ils ont gratifié notre chauffeur d'un généreux pourboire quand nous leur avons expliqué qu'il n'était pas censé travailler un dimanche, nous ont offert un verre au bar de l'hôtel en nous remerciant chaleureusement. Quant à la diva, quand elle s'est enfin décidée à nous rejoindre, elle nous a ostensiblement snobés en montant dans la deuxième voiture et a filé directement dans sa chambre pour prendre un bain. Elle ne nous a pas dit au revoir, de toute façon, elle ne nous avait pas dit bonjour non plus. Pour elle, nous n'aurons été le temps d'une journée que deux passables météorites dans son firmament étoilé. Et pour moi, la preuve que certains artistes ne gagnent rien à être connus en tant que personne.vendredi 8 janvier 2010
Mourir pour des idées
lundi 4 janvier 2010
Vous permettez, Monsieur ...
Parmi les nombreuses choses qui nous surprennent en Inde, nous les Occidentaux pétris de certitudes, il y a les mariages arrangés. D'après notre nouvel ami Indien, Venkat, lui-même marié par amour à une Française depuis 15 ans, 80% des mariages dans son pays seraient arrangés. Autrefois, on se fiait à des intermédiaires dont c'était la spécialité. Connaissant les familles, leur religion, leur "caste", leur niveau social, le profil des "promis", et leurs horoscopes (capitale, la convergence des planètes), ils se chargeaient de proposer des prétendantes possibles à la famille, autant de fois que nécessaire, jusqu'à trouver la perle rare. Ces entremetteurs existent toujours aujourd'hui dans l'Inde rurale mais de plus en plus, dans les villes, on se marie par l'entremise ... des petites annonces. Les premières semaines où j'ai eu entre les mains le Times of India ou le Deccan Chronicle, j'ai été frappée par le nombre d'annonces matrimoniales. Le Dimanche dans le TOI, c'est carrément une double page. Leur lecture est édifiante quant à la manière dont se passent les rencontres en Inde. Un exemple au hasard dans la rubrique "Brahmane" (la caste considérée comme la plus élevée) : "Mumbai (Bombay) : Influente famille, mère Brahmane Tamile, père Brahmane d'Andhra, recherche pour son fils né en 1985 mesurant 1,70 m, beau garçon, titulaire d'un MBA, ingénieur dans une société d'informatique ISO 9000 (!), une jeune fille Andhra/Tamil (Nadu) Brahmane, de 2 à 4 ans de différence, prête à s'intégrer dans notre famille où elle sera considérée comme notre PROPRE fille. Un MBA et des capacité managériales seraient un plus mais pas essentiel. Envoyer détails, photo et horoscope à [...]". Pour tenter d'apporter un éclairage sur cette question de castes, je précise qu'elles sont en principe abolies par la Constitution mais dans les faits, elles restent très présentes, surtout aux deux extrémités, les Brahmanes (reconnaissables à leurs noms de famille comme Reddy ou Rao) et les dalits (ex intouchables) qui bénéficient d'emplois réservés, un peu comme les minorités ethniques aux Etats-Unis. Mais revenons à nos mariages, si les femmes sont nombreuses à faire passer des annonces pour choisir leur futur conjoint, c'est toujours la famille de la future mariée qui devra tout régler, la dot mais aussi la noce et les cadeaux à la belle-famille. Des parents s'endettent jusqu'au cou pour marier leur fille et la naissance d'une fille dans certaines campagnes est toujours considérée comme une malédiction ... Et pour finir sur une note optimiste (?), je citerai Venkat : "60 % des mariages Indiens sont des mariages heureux alors que chez vous, en France, un sur deux se termine par un divorce...". A méditer.
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