C'est l'histoire d'une toute jeune fille de 14 ans à laquelle la justice de son pays, l'Inde, vient enfin de rendre sa dignité, vingt ans après les faits. Malheureusement, elle n'est plus là pour le voir. Poussée à bout par son bourreau, elle a mis fin à ses jours l'année de ses 17 ans. C'est l'histoire d'un homme puissant qui se croyait au-dessus des lois et qui, la semaine dernière, a passé sa première nuit en prison. En 1990, Ruchika Girhotra est une collégienne insouciante douée pour le tennis. Pour son grand malheur, le président de son club va la trouver un peu trop à son goût et se livrer sur elle a des attouchements alors qu'il l'a convoquée dans son bureau avec sa meilleure amie, Aradhana. Celle-ci arrive à s'enfuir et ensemble, soutenues par leurs familles, elles décident de porter plainte. Ce qu'elles ignorent, c'est qu'alors que l'investigation est en cours, l'homme, Rathore, est nommé chef de la police de l'état de l'Haryana. Dès lors, la vie de Ruchika et de sa famille va devenir un enfer. Elle est renvoyée de son école et de son club de tennis, et ses parents sont sans cesse harcelés. C'est après l'arrestation arbitraire et le passage à tabac de son petit frère que Ruchika choisira de se donner la mort. Sa famille, elle, ne baissera jamais les bras malgré les intimidations. Comme le dit aujourd'hui son père à la presse : "Nous nous cachions et on venait nous harceler où que nous soyons. A qui pouvions-nous nous plaindre ? La police était à ses ordres". Son amie Aradhana, aujourd'hui mariée et mère de famille, alors qu'elle vit dans le Golfe Persique, n'hésite pas non plus à revenir témoigner à chaque procès et à accorder de longues interviews à la presse. Symbole d'une justice qui protège les puissants et méprise les sans grade, l'affaire Ruchika est devenue une affaire d'état. Régulièrement, le visage de la jeune fille apparaît sur les écrans de télé avec le slogan "Justice pour Ruchika" comme une illustration de la fable du pot de terre et du pot de fer. En décembre, en première instance, Rathore a écopé de 6 mois de prison et d'une amende de 1000 roupies (15 euros) et le soir même, était libéré sous caution. Au lieu de s'en tenir là, il a eu l'outrecuidance de faire appel. La semaine dernière, en appel, sa peine a été commuée à 18 mois de détention. Il a eu beau se déclarer souffrant, le juge de Chandigarh a été sans pitié. Il a prié ses anciens collègues de conduire leur ex-patron en prison. Et comme l'ont noté les journalistes, pour la première fois depuis des lustres, le rictus qui lui barrait le visage s'est évanoui ...
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9 commentaires:
Oh comme cela fait du bien de lire ce billet. Une fenêtre qui s'ouvre, adoucissant un peu l'air saturé de mauvaises nouvelles.
Merci !
18 mois, c'est ridicule... Enfin je suppose que symboliquement c'est mieux que rien :(
L'Inde est tellement gangrenée par la corruption qu'il n'y a plus personne pour amputer le(s) membre(s) pourri(s). C'est triste pour les victimes.
Pour une fois la Justice n'avait usurpé ni son nom ni sa fonction !
C'est une histoire terrible ...
Bisous
Marie-Ange
Trop douce punition mais un grand pas en avant quand même.
- A Lilie, la réponse que je voulais te faire est très bien résumée par Mab (Bricol Girl)
- A Valérie et Marie-Ange, oui c'est une histoire terrible mais sur laquelle souffle quand même un vent d'optimisme...
On dirait un film cette histoire , 18 mois c'est peu pour la mort d'une jeune fille .
- Brigitte, tu as mille fois raison mais au moins pour la famille, c'est une reconnaissance de son calvaire et du leur, et le sentiment que la justice est passée même si elle est imparfaite...
C'est un début, même si évidemment ce n'est pas assez...
C'est à peu près la même chose dans nos pays, pour la justice... en "moins voyant", sans doute, que Ruchika ou Bhopal, mais guère mieux.
J'espère qu'Aradhana et la famille de Ruchika pourront enfin tourner cette triste page.
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