mercredi 10 mars 2010

La femme est l'avenir de l'Inde (II)

Le vote aurait dû avoir lieu symboliquement le 8 mars, journée de la femme. Une poignée de députés rétrogrades en a décidé autrement. Peu importe. La Rajya Sabha, la chambre haute du Parlement indien, a voté hier soir à une écrasante majorité une loi accordant 33% des sièges aux femmes dans l'hémicycle. La plupart des journaux qualifient ce matin le vote d'historique. Dès que la Lok Sabha, la chambre basse aura amendé le texte, la Constitution sera modifiée pour qu'un tiers des représentants des différentes assemblées indiennes soient désormais des femmes. En effet, alors que la moitié des Indiens sont des Indiennes, seules 10 % d'entre elles occupent aujourd'hui des postes électifs en politique. Un ratio qui n'est pas sans rappeler celui d'autres démocraties, à commencer par la nôtre. D'ailleurs, en regardant les images prises dans l'hémicycle lundi soir, alors que des députés survoltés agressaient le président de séance et déchiraient rageusement leurs bulletins de vote, je n'ai pu m'empêcher de penser aux débats houleux qui avaient précédé le vote de la loi sur l'avortement en 1975. Qui n'a pas en mémoire cette photo de Simone Veil effondrée sur son siège après avoir dû faire face à la vindicte de ses collègues députés les plus virulents ? La marche des femmes pour leur représentation est une succession de victoires gagnées ainsi, grâce à leur opiniâtreté et aussi à l'appui d'hommes de bonne volonté. En Inde, l'image des femmes en politique est très forte. L'actuelle présidente du parti majoritaire, le BJP (qui sort gagnant de ce nouveau bras de fer), a mis toutes ces forces dans cette bataille. Sonia Gandhi est la veuve de Rajiv Gandhi et donc la belle-fille d'une certaine ... Indira Gandhi, première femme premier ministre de l'Inde dès 1966. Le Times of India ce matin, se montrait dithyrambique et recensait les "pionnières", depuis les 5 premières étudiantes de l'Université de Pune en 1916, en passant par Mère Teresa (prix Nobel de la Paix en 1979) jusqu'à l'actuelle Présidente de la République Indienne, Pratibha Patil, élue en 2007. Même si son rôle s'apparente à celui de nos présidents de la IVè république, il n'empêche, elles ne sont pas si nombreuses à occuper le poste dans le monde. Alors, Messieurs les Députés français, la parité, toujours un vœu pieux ?
La photo a été "empruntée" à l'article d'Aujourd'hui l'Inde dont je vous recommande la lecture.

12 commentaires:

astia a dit…

Bravo! Enfin un article qui ne dévalorise pas la femme indienne et qui ne généralise pas le pays de machiste!Merci d'avoir montré que l'Occident n'a pas à donner de leçons à l'Inde.

Eperra a dit…

- Astia, merci de ton passage et de ton commentaire qui me va droit au cœur. Je suis intimement convaincue que nos vieilles démocraties n'ont de leçons à donner à personne. La cause des femmes est un sujet qui me tient à cœur et depuis 4 mois que j'habite ici, sans tomber dans l'angélisme, je suis étonnée par la place qu'elles prennent dans la société. Au point d'avoir consacré une rubrique de ce blog que j'ai intitulée "le deuxième sexe", en référence à Simone de Beauvoir.

Luc a dit…

Je pense que la femme n'est pas que l'avenir de l'Inde mais de beaucoup d'autres pays - pour en rester au niveau politique.

Et au delà d'une simple parité numérique, c'est bien parce que femmes et hommes sont différents que les approches - politiques en particulier - pourraient être différentes et amener un peu de renouveau.

A une condition néanmoins, que les femmes qui s'investissent dans ces rôles ne se sentent pas obligées de calquer le comportement des hommes qu'elles veulent remplacer.

Eperra a dit…

- Luc, très juste. Et peut-être connais-tu la phrase célèbre de Françoise Giroux (je cite de mémoire) : "La femme sera l'égale de l'homme le jour où l'on verra des femmes incapables à des postes à très haute responsabilité".

bricol-girl a dit…

Giroux avait souvent la phrase incisive et vacharde mais là personne ne pourra lui donner tort!

bérangère Femme et Fière de l'être a dit…

Tu as raison de souligner l'importance que prend la femme dans la société indienne mais il ne faut pas que ce soit l'arbre qui cahe la forêt car combien de filles sont-elles encore mariées contre leur grè. La litterature foisonne de ces hostoires de vie. Ceci étant réjouissons-nous de leur détermination et je pense souvent à Phoola Devi, dalit et sénateur...
bises. On dirait que tu vas mieux ;-)

Eperra a dit…

- Mab, oui en effet, elle avait le sens des formules qui faisaient mouche. Le coup du prix du ticket de métro, VGE doit s'en souvenir...
- A B. la féministe, oui je vais mieux. J'ai refusé d'aller au Bazar acheter des tissus pour avoir le temps de concocter ce post. Non, mais !

brigitte a dit…

Rien n'est acquis et il faut toujours veiller au grain , je vois toujours les hommes rester assis lors de repas de famille et les femmes servir et desservir pendant que ces messieurs refont le monde , mais nous aussi , on peut le refaire , avec plus de profondeur et d'humanité !

bérangère a dit…

Pour notre plus grand plaisir :-)

Anonyme a dit…

C'est pas plutôt le Parti du Congrès (majoritaire et socialiste, présidé par Sonia Gandhi) qui a fait passer la loi ?
Sally

heure-bleue a dit…

La France est souvent plus machiste que les autres pays, nous avons eu le droit de vote après les turques et les irlandaises...

laure a dit…

Dans le train de nuit Hderabad-Chennai nous avons réussi à initier un débat sur le problème des femmes qui ont un emploi mais font quand même toutes les corvées à la maison...les Hommes nous ont répondu "tout ça, c'est la faute de nos parents qui n'accepteraient pas qu'on aide nos femmes. Sinon on le ferait!" Mais biennnnn sur! Bon cette petite histoire pour dire que l'Inde, comme la France, a encore quelques progres à faire...