Il existe de par le monde des endroits mythiques. Des endroits où l'on se dit qu'un jour peut-être, on ira. Pour les avoir vus des milliers de fois en photo, on pense tout savoir d'eux. Sauf qu'en vrai, ça n'a rien à voir. Ainsi du Taj Mahal. Le quatrième coup de cœur de ma vie de voyageuse. Le premier, c'était devant le Grand Canyon du Colorado, le second, à Abu Simbel en Égypte, et le troisième, face à la Merveille de Petra en Jordanie. Que ce soit l'œuvre de la nature, celle de la main de l'homme ou un mélange des deux, à chaque fois, je suis restée saisie devant tant de beauté. Il est à peine 7 heures, ce mercredi matin d'avril lorsque nous arrivons à l'entrée du Taj Mahal. Une première porte massive en grès rouge le masque à notre vue. Il faut en dépasser le porche pour le voir apparaître enfin. Il est là, majestueux, tel que dans nos rêves. La pureté du blanc, la parfaite harmonie de ses proportions, sa silhouette à la fois imposante et délicate se détachant sur un ciel un peu blafard, nous saisissent à la gorge. C'est un hymne à l'amour, le cadeau d'un empereur moghol à son épouse hindoue, Mumtaz, la seule à lui avoir donné un fils. Un mausolée de marbre blanc comme un écrin au cénotaphe de la belle endormie. Un lieu de douleurs aussi on imagine, pour les 20000 ouvriers qui le bâtirent pendant 12 ans. Mais déjà on nous presse de prendre notre tour pour la traditionnelle photo, nous énièmes touristes à poser humblement devant lui. Puis, nous dépassons le bassin, traversons les jardins et posons le pied sur le parvis. De près, il est presque aussi beau que de loin. Nos yeux éblouis scrutent chaque panneau de marbre travaillé aussi finement que de la dentelle de Calais, ou recouvert de motifs floraux incrustés de pierres précieuses (jaspe, turquoise, lapis-lazuli, cornaline, onyx...) dont notre guide indien francophile énumère avec gourmandise les noms en français. Nous nous imprégnons du lieu, prenant le temps de nous y attarder, sans avoir conscience qu'il est bien désert pour l'un des endroits les plus visités du monde*. Vers 9 heures, les trains et les bus déversent leur flot de touristes indiens, et aussitôt, les saris ou les ghagharas** multicolores des femmes, les coiffes couleur safran ou rouge des hommes, se détachent sur le blanc immaculé du Taj, rendant l'instant encore plus magique. Je suis tranquillement assise sur un banc lorsque soudain, je me retrouve cernée par un petit groupe de papys rigolards. Aussitôt, j'engage la conversation avec eux, je "socialise" comme dit mon mari, et j'apprends qu'ils viennent du Gujarat. Je reste ainsi un petit moment, en face d'un des plus beaux endroits du monde, à bavarder avec mes nouveaux copains. A savourer un pur moment de grâce.
* L'explication nous est donnée le soir même par un marchand d'Agra, le nuage de cendres du volcan islandais a stoppé net les vols au départ de l'Europe. Pas d'avions, pas de touristes !
** Jupes longues portées par les femmes du Rajasthan et du Gujarat.
* L'explication nous est donnée le soir même par un marchand d'Agra, le nuage de cendres du volcan islandais a stoppé net les vols au départ de l'Europe. Pas d'avions, pas de touristes !
** Jupes longues portées par les femmes du Rajasthan et du Gujarat.
14 commentaires:
Merci pour ce voyage délicat à Agra. Je meurs d'envie d'y aller.
L'année prochaine...qui sait?
J'adore cette photo !
est ce que vous vous pincez parfois pour être bien sure que ça n'est pas un rêve....
Une chance d,avoir ce monument pour toi seule ( enfin presque) durant un long moment. le sens de l'oasis de paix y était, alors que souvent, la foule nous étouffe comme presque partout en Inde.
J'y étais... tu as très bien exprimé ce que nous avons ressenti!
Très joli texte, bravo! Sophie
Avoir une telle merveille presque rien que pour soi doit décupler encore plus la magie du lieu.
Depuis que j'ai 5 ans je ne pense qu'à lui, je rêve de voir le Taj Mahal... Mais nous nous sommes ratés. Il me faudra revenir en Inde.
Tu l'as tellement bien décrit que je l'ai vu en pensées. Merci de m'y avoir fait croire l'espace d'un article :)
Et contente que tu sois rentrée : la lecture de ton blog me manquait beaucoup :)
J'adore l'idée que la magie soit intacte malgré la foule. Ça doit être féérique au sens propre du terme. Et ça doit être tellement bon pour le moral un tel dépaysement...
Tu devrais remercier le nuage, je me souviens à Pétra, avoir eu l'impression de me trouver place de l'Opéra un jour de soldes dans les grands magasins...
- A heure-bleue, je me souviens d'avoir vu Petra à peu près dans les mêmes conditions, personne sur le site et autant que je m'en souvienne, pas de nuage cette fois ;)
Je note aussi que tu es une touriste fort élégante ! J'adore !
L'Inde me tente , prochain grand voyage , qui sait ?
Quel souvenir !
Je n'ai jamais rêvé d'y aller, mais tu m'en donnes l'envie avec tes mots ...
Merci belle dame.
Marie-Ange
J'adore ta description et dire je n'ai jamais mis les pieds en Inde du Nord!! ça paraît honteux, je ne connais que l'Inde du sud en long et ne large. Lorsque j'irais là-bas, je ne manquerais pas de me remémorer tes mots si magiques. et.. pour une poule noire, tu ressembles plus à un paon :compliment indien pour décrire la beauté et non la connotation européenne;)
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