Si les échos lointains de ce qui s'est passé ces jours derniers à Hyderabad, capitale de l'Andhra Pradesh au Sud de l'Inde, sont parvenus jusqu'en France, bien peu ont dû y prêter attention. Un mort*, quatre-vingt blessés et un couvre-feu décrété par un gouvernement vite dépassé, ne sont que des mots dans le flot d'autres catastrophes que déversent les chaînes de télé quotidiennement. Même ici, en Inde, ces incidents n'ont pas fait longtemps les gros titres des télévisions nationales. Il faut dire que l'actualité a été riche cette semaine entre les attentats de Moscou, un incendie meurtrier à Calcutta qui a fait 42 morts, et la prise d'otages de 120 indiens le long des côtes somaliennes. Quant aux chaînes locales, elles ne bruissaient que de l'annonce faite par la championne de tennis Indienne Sania Mirza, originaire d'Hyderabad, de son prochain mariage avec l'ex capitaine de l'équipe de cricket du Pakistan, bel exemple de tolérance. Ce conte de fées des temps modernes permettra-t-il de faire oublier les tensions latentes qui règnent entre ces deux frères ennemis, les Hindous et les Musulmans, et qui éclatent sporadiquement avec une violence inouië à un endroit ou à un autre du pays ? A Hyderabad, on ne peut pas dire qu'on ressente ces problèmes au quotidien. Pour nous, les expats, ça s'arrête à quelques réticences de nos chauffeurs hindous à se rendre dans la vieille ville à majorité musulmane (quand nous nous y rendons, le nôtre refuse, par exemple, de déjeuner sur place) mais ça s'arrête là. D'ailleurs, cela faisait 20 ans que la ville, qui compte 40% de Musulmans (14% en Inde), n'avait pas connu de violences intercommunautaires. En 1990, elles avaient fait 200 morts, et apparaissent en toile de fond du très beau livre que je vous recommande, "Jour de pluie à Madras". A chaque fois, le point de départ est un prétexte anodin. Cette semaine, c'est la fête de Hanuman Jayanti et les Hindous ont voulu hisser leur bannière safran à la place du drapeau vert que les Musulmans avaient "oublié" d'enlever lors de la commémoration de la naissance de Mahomet, un mois plus tôt. Le ton a monté, une bousculade s'en est suivie, prélude à un déchaînement de violence des deux côtés. Bilan de trois jours d'affrontement : un jeune musulman poignardé à mort, des dizaines de blessés, la plupart à coups de pierre, des magasins incendiés, des temples et des mosquées ravagées, et un couvre-feu indéfini. Depuis, comme disent les médias, le calme semble revenu et la jeune championne hyderabadie de tennis a pu donner hier sa conférence de presse. Elle se marie dans un mois ... à Lahore, au Pakistan**.
* Deux en fait : mardi soir un commerçant qui se trouvait, comme on dit, au mauvais endroit au mauvais moment a succombé à ses blessures dues à des jets de pierre.
** Précision de dernière minute, ils vont se marier d'abord à Hyderabad, puis à Lahore.
* Deux en fait : mardi soir un commerçant qui se trouvait, comme on dit, au mauvais endroit au mauvais moment a succombé à ses blessures dues à des jets de pierre.
** Précision de dernière minute, ils vont se marier d'abord à Hyderabad, puis à Lahore.